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C’est dit ! – Les jeux vidéo ne se prendraient-ils pas trop au sérieux ?

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Cet été, l’excellent mensuel « JV le mag » a publié un numéro hors-série consacré à la PlayStation (PS One). En grand amateur des consoles de Sony depuis le début et du magazine à la tranche inspirée*, il s’agissait d’un combo que je me devais de réaliser. Je me suis donc procuré un exemplaire et j’ai lu. En parcourant le magazine et une chose en amenant une autre, j’en suis venu à me demander si le jeu vidéo ne se prenait pas un peu trop au sérieux ? A-t-il perdu son humour et son esprit bon enfant ?

Quel plaisir de me replonger dans cette période faste du jeu vidéo (quoiqu’on pense du constructeur actuellement), j’y ai même appris quelques petites infos et pourtant je suis très bien renseigné sur ce sujet. Bref, à la lecture de tous les articles, une redondance est apparue : la volonté (connue) de Sony de faire de leur console une machine qui ne s’adresse pas qu’aux enfants mais également à un public plus mature.

Ainsi, toute leur communication avait ce ton irrévérencieux, cette volonté de s’adresser à un nouveau public et de donner ses lettres de noblesse au jeu vidéo en général. Ôter dans l’esprit de M. et Mme Toulmonde, l’association enfant/jeu vidéo. Et le pari fut réussi, aidé par des jeux comme Metal Gear Solid, Resident Evil ou Silent Hill pour ne citer qu’eux.

Pub PlayStation - C.A.P : Comité Anti-PlayStation

De nos jours, le jeu vidéo s’est démocratisé et possède un public avec une moyenne d’âge dans la trentaine. L’association jeu vidéo/enfant n’est plus aussi vivace dans l’inconscient collectif qu’à l’époque (malgré quelques Gaulois irréductibles). Le paysage vidéoludique a bien changé, on met en avant de plus en plus souvent des jeux (dits AAA) destinés à un public mature qui servent de vitrines aux constructeurs pour promouvoir leur console respective auprès du grand public. Et quand je parle des constructeurs, je sous-entends bien sûr Sony et Microsoft seulement ; Nintendo ayant gardé plus ou moins intacte l’essence de leur marque depuis 20 ans en mettant en avant les sempiternelles Mario à pied ou en Kart, Yoshi, Kirby et Zelda qui présentent encore et toujours un univers coloré, fun et bon enfant.

Pour Sony et Microsoft, le son de cloche est différent à présent. Pour draguer un large public (du papa à l’enfant d’une dizaine d’années pas vraiment surveillé sur ses activités vidéoludiques, en passant par la maman), les jeux à gros budget sont devenus très sérieux dans leurs thématiques et dans leur traitement.
Au diable l’humour et la loufoquerie dans les dernières productions : Tomb Raider, Assassin’s Creed, Destiny, Final Fantasy XIII, Deus Ex, Batman Arkham, Battlefield, Call Of Duty, The Last of Us ou Uncharted ne sont pas des jeux où l’on se fend la poire à s’en taper le cul sur la commode. Attention ! Je ne dis pas qu’ils sont dénués d’humour, loin de là. Mais l’humour dans ses productions est plus adulte, plus incisif, plus cynique, ironique ou noir. Et l’humour noir, l’ironie ou le cynisme, c’est l’humour des grands, il est un peu condescendant avec son cousin : l’humour cartoonesque/potache, ce loufoque qui s’est gentiment fait remercier et s’est vu proposer d’aller voir ailleurs s’il y était. Il est d’ailleurs, souvent dans les productions indépendantes ou par le biais de quelques jeux qui tiennent bon comme Brütal Legend, Disney Infinty, Skylanders ou la licence LEGO par exemple. Mais il reste rare parmi la masse des licences Triple A récentes.

Où sont passés les jeux comme Crash Bandicoot, Monkey Island, TimeSplitters, Ratchet & Clank, Earthworm Jim, Jak & Daxter, Serious Sam, No One Lives Forever… à l’humour adolescent, potache, loufoque voire cartoonesque ?
De même, un Tomb Raider II malgré son sérieux possédait cette touche d’humour, ce grain de folie. Ainsi, à l’aide d’une manip’ spéciale, l’on pouvait faire exploser notre belle Lara Croft pour la punir d’une manœuvre maladroite au détour d’un saut. Le dernier niveau du jeu était également un peu plus fun où l’on s’amusait à protéger le Manoir Croft d’assaillants alors que Lara n’était couverte que d’une simple petite nuisette. Une fois, débarrassé de tous les ennemis, la cut-scene finale nous laissait espérer voir Lara Croft se déshabiller pour prendre sa douche avant de réaliser que le joueur est toujours là et de lui tirer dessus, brisant ainsi le quatrième mur. Et sans mentionner tous les « Hum-hum » et autres bruitages de Lara lorsqu’elle trouvait un objet et le bon vieux Winston, ce domestique momifié qui nous suivait inexorablement à la vitesse d’une tortue avec son plateau à thé. Qui ne s’est pas amusé à l’enfermer dans le congélateur ? Qui ?

La manip' pour faire exploser Lara

Maintenant dans Tomb Raider (2013), plus aucune excentricité de ce genre. On nous propose quelque chose de très différent, de plus mature avec limite un message métaphorique sur l’épanouissement de devenir une femme indépendante. C’est plus adulte, tout simplement.
De même, le cas Final Fantasy est un parfait exemple de cette prise de distance avec l’humour « gentillet ». Dans l’épisode VII par exemple, les passages humoristiques sont récurrents: le travestissement de Cloud en femme pour pénétrer dans l’antre d’un vieux cochon, le Golden Saucer et son tour de grande roue entre Cloud et Barret ou le concours de baffes entre Tifa et Scarlett…
Sans être des monuments de l’humour, nous nous retrouvions régulièrement face à des scénettes qui nous faisait sourire, qui était « fun ». Final Fantasy XIII en était totalement dépourvu, les personnages se prenaient la tête, n’avaient pas une once d’humour et c’est pourquoi de nombreux joueurs se sont ennuyés dans ce long couloir. Les suites renouaient timidement avec cet aspect, mais cela restait très léger.

Cette distance avec l’humour « gagesque », cartoon s’explique pourtant à mon avis très simplement. Non, les développeurs ne sont pas tous devenus des pince-sans-rire ou adeptes du cynisme et de l’ironie, ils adoptent un humour qui colle avec l’univers qu’ils créent et au public qu’ils visent. Et ces dernières années, avec la puissance technologique de plus en plus importante, la tendance des graphismes dans le jeu vidéo est au réalisme. Tous les jeux cités ont comme point commun d’être des jeux aux graphismes qui veulent coller au plus proche de la réalité. La tendance du photo-réalisme. Ainsi, l’humour visuel a particulièrement évolué avec les progrès faits sur les graphismes des jeux. Un gag visuel comme dans Crash Bandicoot ou Earthworm Jim par exemple ne collerait pas du tout avec l’univers d’Assassin’s Creed ou d’Uncharted.

Dans un même ordre d’idée, la qualité des graphismes a pu changer notre rapport avec la licence GTA par exemple. Lors de la sortie de GTA III sur PlayStation 2, les graphismes limités par la technologie de l’époque permettait de dresser une barrière plus rapidement entre ses actions dans le jeu et la réalité. Du coup, qu’importe nos actions, c’était fun et ce n’était pas très réaliste. Avec GTA V, j’ai eu plus du mal à faire tout et n’importe quoi et je me suis surpris à être plus sérieux dans ma conduite par exemple. Si le jeu garde son esthétique singulière, il n’empêche qu’il propose des graphismes plus réalistes et que le ton du jeu/de son scénario était plus mature et encore plus cynique (virage pris par la licence avec GTA IV) qu’à l’accoutumée avec un personnage (Trevor) dénué de toute morale, sans aucune barrière dont les actions, obligatoires pour progresser dans l’histoire, m’ont mis mal à l’aise à plusieurs reprises (spécialement la scène de torture). Ce qui est l’inverse du fun, vous en conviendrez.

GTA V - Scène de torture par Trevor (spoliers) 18+

Encore une fois, je ne remets pas en cause cette volonté des développeurs de proposer des jeux plus matures en phase avec la puissance graphique des consoles actuelles ou avec le public plus adulte d’aujourd’hui. J’ai beaucoup aimé certains de ces jeux mais je regrette simplement cette omniprésence du cynisme, de l’humour noir, de l’ironie, du sérieux et de la violence dans les grosses productions vidéoludiques actuelles au détriment du reste. J’adore ce genre d’humour, il me fait souvent rire. Ce qui me chiffonne, c’est la normalisation de ce genre d’humour dans ses grosses productions, qu’on ne nous propose pas de temps en temps autre chose comme type d’humour. Un humour plus potache, plus gagesque, moins violent, moins adulte. Faut me comprendre : dans « jeux vidéo », il y a « jeu » et forcément ça parle à mon âme d’enfant.

* achetez un exemplaire, si vous ne comprenez pas la référence. Et non je n’ai pas d’actions chez eux, ils ne sont pas (encore) cotés en bourse.


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